Enfin, ça y est, notre brave Yakayalé à rejoint son milieu aquatique, et le voilà parti pour un long, long périple... On nous avait dit que lorsqu'on devient propriétaire d'un bateau, ce sont les ennuis qui commencent, nous avons donc pu vérifier pendant ces 2 semaines de vacances... Voici un (long) résumé de nos (més)aventures...
Samedi 23 février
Après avoir confié les enfants à la famille, rendez-vous à Martigues pour prendre définitivement possession de Yakayalé. Démâtage du bateau sans problème, le mat est démonté, saucissonné, et ficelé le plus solidement possible sur le bateau, il dépasse de plus d'un mètre à l’avant et à l’arrière et on se doute bien que ça va être un gros handicap pour cette longue navigation pour rejoindre Draveil !

Faut bien viser !!!
Dimanche 24 févrierJournée passée aux derniers préparatifs, vérification du matériel, grattage de l’ancien nom du bateau, un petit coup de peinture, et hop ! De belles petites lettres à coller pour apposer son nouveau patronyme « Yakayalé ».

Waow ! Ça jette !
Lundi 25 février
Première galère d’un voilier …
Mise à l’eau de notre yacht (et de son fond de cale..) en début d’après-midi, essai de la quille, qui telle une baleine rejette un merveilleux jet d’huile à chaque coup de pompage (car comme les Shadocks, nous devons pomper pour la remonter!), découverte d’une voie d’eau grosse comme un doigt au niveau du « presse étoupe » (pour ceux qui découvrent, c’est la pièce qui fait la liaison entre l’intérieur et l’extérieur du bateau sur l’arbre d’hélice, donc souvent la source des voies d’eau sur un bateau…). Sortie du bateau pour remise sur le plancher des vaches (…des journées vaches...). Nous voilà bloqués jusqu au lendemain car technicien du port est en congé !
Mardi 26 février
Bobby, le technicien arrive de bonne heure à notre secours et le verdict tombe : il faut démonter tout l’arbre d’hélice afin de pouvoir changer le presse étoupe, ça prendra toute la journée. Version pessimiste : trou dans le bateau, trou dans le portefeuille et petit coup au moral… Version optimiste : Tout ça aurait bien pu se produire en plein milieu du Rhône, sans personne pour nous aider !

Bobby notre sauveur...
Mercredi 27 févrierDeuxième mise à l’eau, ça y est, on largue les amarres, direction le Canal de Martigues pour ressortir dans le Golfe de Fos. Premières émotions avec le mat qui semble bouger pas mal au rythme des petites vagues qui nous soulèvent, et slalom au milieu d’énormes pétroliers au mouillage un peu partout … difficile de garder le cap !!! Enfin, beau, temps, belle mer, tout va bien, on s’engage dans le Canal de Port St Louis qui rejoint le Rhône… Et là, horreur, malheur, le moteur fait entendre des bruits bizarres, soudaines baisses puis montées de régime, que se passe-t-il encore ? (Mais on bénit à nouveau notre petite étoile qui nous protège, car cela aurait très bien pu nous arriver une heure plus tôt, en plein milieu du Golfe…) On arrive tant bien que mal à Port St Louis sans faire caler le moteur, et on appelle au secours notre ami Bobby le mécano, qui va encore s’avérer une aide précieuse…
Jeudi 28 février
Nouvelle journée à terre, formation diesel par téléphone assurée magistralement par « Bobby les bons tuyaux »… L’entretien du moteur ayant bien été effectué, et l’ancien carburant ayant été pompé pour en mettre du neuf, on penche donc pour un problème de tuyau d’air bouché, qui va du réservoir vers l’extérieur (un petit trou sur le côté de la coque), ou l’air doit normalement circuler librement. On démonte le plancher de la coursive et le vaigrage sur le côté pour suivre ce tuyau… le bateau est sens dessus dessous… et effectivement le tuyau fait un coude très plié en 2 endroits, et il est carrément écrasé en dessous du plancher… Nouveau tuyau, plancher remonté, nous voilà prêts pour un nouveau départ demain… Nous en profitons pour discuter avec notre charmant voisin allemand qui a acheté son bateau en Hollande et a descendu tous les canaux de France pour se retrouver ici. Les petits trucs et astuces de ceux qui ont l’expérience, c’est toujours utile, même fournis en anglais !

Séance de démontage...
Vendredi 29 février8h45 : passage sans problème de la petite écluse de Port St Louis pour rejoindre le Rhône tant convoité. On remonte enfin vers le nord… Mais quelques kilomètres plus loin, rebelote, le moteur s’emballe et toussote, mêmes symptômes qu’hier, la maladie n’est donc pas encore éradiquée !!! Ancre jetée sur les bords du Rhône, c’est parti pour 5 heures de nouvelle enquête et de démontage, car si ce n’est plus le circuit d’air, c’est forcément au niveau du circuit du carburant qu’il y a une crasse ! Finalement, l’inspecteur Gadget (Richard) découvrira, planqué sous les batteries un vieux filtre à carburant oublié, qui date de l’ancien moteur et qui n’a pas été viré du circuit… le fautif ! Système D, un bidon rempli d’essence où l’on relie l’arrivée et le retour gazole, de quoi nous pousser un peu plus loin… mais avec tout ce temps perdu, c’est donc de nuit que nous arrivons à Arles… On connaît la légendaire solidarité des marins, ce soir c’est Raymond qui est venu à notre secours pour nous accueillir sur les pontons…et nous offrir une boite de sardines si nous n’avions rien à manger (là je ne peux pas dire si c’est dû à la solidarité des marins ou à notre allure « romano »..)
Définition du Raymond :Le Raymond est un très sympathique septuagénaire vivant une partie de l’année sur son bateau Lady M et une autre partie du coté de Cuba et du Venezuela. En métropole, son temps est partagé entre aide à autrui, les ami(e)s et les visites culturelles de tous type. En Amérique centrale et notamment à Cuba, Raymond est un authentique héro de la révolution (si si j’vous jure ! il est même médaillé..) titre attribué grâce à ces actions d’aides auprès de la population. Une des spécialité du Raymond est la femme médecin (Ouf, Lydie est technicienne).

On n'est pas loin de la Camargue...
Samedi 1er marsAprès une nuit réparatrice c’est maintenant Yakayalé qui a besoin de quelques réparations... Dépose de l’ancien filtre à gasoil et raccordement de l’arrivée gasoil directement au réservoir (Temps de cuisson : 2h00 / Ingrédient : une scie, un collier de serrage et de la sueur... pour la sauce !). Le retour gasoil attendra la prochaine étape dans son bidon car c’est pas tout, mais on a de la route encore !!!
On démarre le moteur et nous voilà partis avec notre fameux trois mats fier comme un oiseau pour revenir aussitôt sur notre galère fière comme un manchot
à notre point de départ : le retour gasoil a un débit plus rapide qu’on le pensait, le bidon se remplissait à vitesse grand V !Visite de la quincaillerie et de sa merveilleuse collection de « T » en cuivre pour l’achat de l’une de ces œuvres d’art qui serait du plus bel effet raccordée au réservoir avec l’évent d’air. Réparations et tests semblent corrects, départ prévu pour le lendemain.

Yakayalé à Arles
Dimanche 2 marsPrêts pour découvrir le passage d’une écluse sur le Rhône, nous savions déjà que l’amarrage se fait sur bollard flottant mais ne sommes pas surs d’avoir la meilleure procédure pour l’amarrage. Heureusement, avant le départ on repère un héro de la révolution sur le même ponton que nous ... Viva la révolution ! Viva la Raymonlution ! qui devant nos interrogations décide de faire un brin de route avec nous jusqu' en Avignon afin de bien nous expliquer la meilleur méthode d’amarrage à l’écluse avec un voilier.

Superbe navigation ensoleillée en compagnie de Raymond qui restera dîner avec nous sur Yakayalé amarré au pied de la cité des Papes, juste à 100m du fameux pont où plus personne ne danse.

Le fameux pont d'Avignon, à proximité du port...
Lundi 3 marsRaymond est reparti la veille au soir après le diner pour Arles… encore merci Raymond pour ta gentillesse et tout ton enseignement (y compris le bon plan des douches à l’œil au camping d’en face dont nous profitons ce matin), on gardera le contact !
Passage des l’écluses d’Avignon et Caderousse, puis comme toute les fins d’après midi de navigation, vient l’angoissante question : Ou crois tu qu’on va pouvoir s’amarrer ce soir ? Tiens, t’as vu la péniche, là, elle serait bien pour un amarrage à couple ! (rien à voir avec de l’échangisme, bande de cochons, il est juste question de l’amarrage sur un autre bateau..).
Adjugé, vendu, ce soir nous dormirons à St Etienne Des Sorts, à couple de Philomèna, où nous ferons la connaissance d’une partie de son équipage bipède et quadrupède… Un petit tour dans le village, histoire de s’approvisionner à l a cave coopérative du coin (Côtes du Rhône, bien sûr !) et la soirée se termine par un apéro sur Yakayalé avec Pascal et sa femme, du Philoména.

La péniche Philoména et ses gardiens...
Mardi 4 mars
Avant de repartir de bon matin, petit café sur le Philoména, ce qui nous permet d’admirer l’intérieur superbement aménagé par ses propriétaires, ça fait rêver ! On se donne rendez-vous cet été, lors de notre redescente du Rhône. Merci encore pour l’accueil ! Aujourd’hui, nous avons décidé d’avancer 60km au lieu des 40 habituels. Petit coup de speed pour le passage de l’écluse de Bollène, car un gros bateau de commerce arrivait derrière, l’éclusier sympa nous a tout de même fait passer en 20mn top chrono… Du coup, on a à peine eu le temps de s’angoisser car cette écluse était il y a encore quelques années la plus grande d’Europe (23m de dénivelé… on se sent tout petit !) Un coup de fil de Mr Météo (eh oui, les collègues aussi sont solidaires et nous rendent service – merci Alain) nous annonce que le mauvais temps nous attend… il ne croit pas si bien dire !!! Vers 14h30, alors que nous sommes au niveau du petit port de Viviers, de gros nuages menaçants sont devant nous, le vent se lève, et la pluie arrive. Ne sachant pas si nous trouverons à nous amarrer plus loin, on décide de s’arrêter là, même si l’arrivée est délicate. La manœuvre est périlleuse, mais on s’en sort avec brio, en évitant les zones où le niveau de l’eau est faible. Par contre, le port est fermé, les pontons flottants sont relevés, et on est obligés de s’amarrer contre une structure métallique qui risque à chaque instant d’abimer la coque. Notre Yakayalé entouré de bouées et de pneus protecteurs ressemblerait presque à une pub pour Michelin.
Ecluse de Bollène... On se sent tout petit !!!
Mercredi 5 marsCe que nous apprendrons à nos dépends pendant les prochains jours, c’est que quand le Mistral souffle, il s’installe pour 3, 6 où 9 jours. Comme disait Renaud, c’est le Mistral gagnant… nous sommes donc bloqués ici pour un petit moment, car avec des rafales de vent à 130km/h, et à contre-courant, c’est mission impossible ! Nous en profitons pour visiter Viviers, charmant petit village médiéval, mais nous n’osons pas nous éloigner trop longtemps du bateau, de peur de le retrouver fracassé contre le quai… On passe pas mal de temps à bord, avec 8° à bord, car port fermé = pas d’électricité = pas de chauffage ! C’est là que nous avons testé l’efficacité de nos sacs de couchage…

Le marteau, ou l'enclume ?
Jeudi 6 mars
Nouvelle journée à Viviers, le vent s’est un peu calmé, mais encore trop de courant sur le Rhône pour partir. On décide de prendre un bus pour aller jusqu’à Montélimar pour se renseigner sur les trains (car la fin des vacances approche) , s’acheter quelques habits plus chauds (car il va bien falloir reprendre le Rhône demain pour trouver un port digne de ce nom afin de mettre à l’abri notre Yakayalé), sans oublier une petite provision de nougat…Des coups de fils passés un peu partout nous ont appris qu’un petit port tout nouveau, tout beau s’est ouvert à 20 km de Viviers. Si nous avions su ça mardi, sans doute aurions nous fait 20km de plus en affrontant le début du vent et de la pluie…
ça souffle !!!

Mais on ne va tout de même pas se laisser abattre...
Vendredi 7 mars
C’est bien connu, les guerriers se lèvent à l’aube…Nous étions donc levés avant le soleil (bien avant, hein Richard !) mais le bateau était tellement amarré dans tous les sens qu’il nous a bien fallu une heure pour démêler tout ça ! Le moins qu’on puisse dire, c’est que le départ fut moins brillant que l’arrivée… Avec un vent qui nous repoussait contre le quai, un espace de manœuvre restreint dû au faible niveau de l’eau dans certaines parties du port, et les pontons relevés sur toute la longueur du quai qui nous gêne, ce qui devait arriver arriva, nous avons accroché le mat à l’arrière… Bilan : l’enrouleur foutu (nous devions de toute façon le changer) et le portique arrière bien tordu, sans compter que le mât est maintenant moins bien fixé. C’est donc avec le moral dans les chaussettes que nous nous élançons dans ce qui sera une longue journée de galère… Arrivés devant l’écluse, 2 bateaux de commerces nous passent devant le nez, environ 1 heure et demie d’attente, à faire des ronds dans l’eau (et dans le froid !) Nous passerons en même temps qu’une péniche de taille moyenne. L’avancée est ensuite pénible, le courant et le vent sont très forts, il y a même des petites vagues et on est copieusement arrosés. On se relaie tous les quarts d’heure à la barre tellement c’est dur … Enfin, Cruas est en vue… certains disent « Qui voit Groix voit sa croix », nous pensons maintenant « Qui voit Cruas voit sa croix »… L’entrée du port est minuscule, et perpendiculaire au vent, votre mission sera, si vous l’acceptez, de dépasser l’entrée, et tourner au bon moment , en visant les cailloux, pour que le courant qui nous dévie sur le côté vous amène pile au milieu de l’entrée… très rock’n’roll !!! Mais Lydie qui excelle d’habitude dans ce domaine (le rock !) laissera bravement sa place à la barre… (Surtout ne pas se planter 2 fois dans la journée !). Et Cap’tain Richard s’en sortira brillamment ! Sous les hourras des spectateurs ! En fait toutes les personnes présentes sur le port étaient là pour récupérer les amarres, et nous tirer au ponton, face au vent qui nous emportait… Merci les gars !!! On s’écroulera ensuite de fatigue, et seule une bonne douche nos débarrassera de ce stress accumulé (et accessoirement de la crasse des 3 derniers jours…)

Y'a d'la joie !!!
Samedi 8 marsJournée de la femme, nous direz vous… eh bien non, chez les Thomas, le 8 mars c’est la journée du Capitaine (d’ailleurs depuis des années il se bat contre cette injustice, les bonnes femmes lui ont piqué sa journée !). C’est donc avec un petit déjeuner au lit que le Capitaine entamera sa 40ème année, il faut bien ça… surtout qu’aujourd’hui, no stress ! Juste les sacs à boucler avant d’abandonner notre brave Yakayalé, en sécurité, à 3 kilomètres… d’une centrale nucléaire !!! Mais il était dit que nous n’en avions pas fini avec les péripéties… Partis de Cruas en bus pour rejoindre Montélimar, nous avions 3 heures à attendre pour prendre notre train. Bon, un ciné pas loin de la gare, chouette il joue « les ch’tis », voilà de quoi occuper agréablement notre temps. Nous voilà donc confortablement installés pour pouvoir tranquillement nous reposer après la journée d’hier, le rideau se lève… mais en lieu et place du générique c’est une sonnerie d’alarme que nous entendons… « Veuillez quitter la salle, ceci est une alarme incendie… » Eh bien vous n’allez pas le croire, mais ils n’ont jamais réussi à réenclencher le système bien que ce soit une fausse alerte, et la séance a été annulée… Nous voilà donc à nouveau livrés à notre triste sort et à errer dans les rues avec les sacs au dos… Dommage que nous n’avons pas de photo de nous tellement notre épuisement devait se lire sur notre visage !!! Enfin, à 21h nous étions enfin rentrés à la maison, avec plein de bons et moins bons souvenirs à vous raconter… Quelle aventure !!!
La suite au prochain épisode !!!

Yakayalé en sécurité à Cruas
1 commentaire:
Pop! Pop! Richard en mode marin, trop fort!!!
Hey Lydie, c'est ta doublure ou tu barres vraiment?!!!
Au fait le Sénat demande après toi!!!!
Enregistrer un commentaire