samedi 12 avril 2008

Yakayalé sur la route !

Pour ceux qui suivent sur une carte, nous avions laissé Yakayalé à Cruas, petit village d’Ardèche, en attendant que le Mistral se calme et que le débit du Rhône tende à la baisse… Pas facile de trouver la bonne période qui colle avec la météo, le boulot, et les impératifs familiaux ! Enfin, la décision est prise, nous redescendons le samedi 29 mars…
Dès le lendemain, on reprend notre remontée vers le nord. Fini le Mistral, le vent souffle maintenant vers le nord, il est donc sensé nous pousser… Mais en fait, avec le courant qui est toujours aussi fort contre nous, le phénomène est assez bizarre… on avance en crabe, sans arrêt en train de redresser la barre… Résultat, on n’avance pas plus vite qu’avant, et on parcourra les 30 kilomètres qui nous séparent de Valence en 6 heures ! En plus de ça, les 2 écluses franchies n’ont pas été de tout repos (Aurions nous déjà perdu l’habitude ?). Bref, dès le premier jour le moral de l’équipage est en berne (enfin surtout celui de Lydie !) A cette allure là, une semaine ne suffira pas pour rejoindre Chalons sur Saône…

Le port de Valence, avec les couleurs du printemps...

La nuit porte conseil, dit-on, c’est donc avec sagesse que nous avons écouté la parole de ceux qui nous disaient depuis longtemps : "Mais pourquoi ne l’avez-vous pas fait monter par camion depuis Martigues ?" Le prix du transport nous avait toujours dissuadé, mais là, le Rhône en hiver aura eu raison de nous !!! Valence étant un grand port avec tous les services de grutage nécessaires, c’était le moment ou jamais… La journée du lundi sera donc passée au téléphone pour trouver le transporteur le moins ruineux… et un port d’arrivée qui veuille bien accueillir un gros bateau sur un gros camion !!! Ce n’est pas possible à Draveil, notre choix se portera donc sur un chantier à Sens, moins cher qu’en proche région parisienne, et une centaine de kilomètres avant, ce qui nous fait donc un peu moins cher au niveau du transport… Et ne rigolez pas, pour gagner encore quelques euros, on accepte de servir de voiture-pilote, non, non, pas pour jouer les pilotes de course, mais pour rouler devant le camion, vous voyez, avec les gyrophares et le panneau "convoi exceptionnel" ! Le problème, c’est que nous sommes venus en train, il faut donc rentrer à Paris pour récupérer notre voiture… De toute façon, nous avons le temps puisque le transporteur ne peut venir que le lundi suivant. Alors comme il fait beau en ce mardi matin, et que l’entrée de l’autoroute est à moins d’un kilomètre du port (beaucoup plus près que le centre ville et la gare en fait !), Richard va donc user de tous ses charmes pour arrêter les voitures au péage (voir la photo). Une première voiture nous emmènera jusqu’au centre de Lyon, une deuxième à la sortie de Lyon, et une troisième jusqu’à Villefranche sur Saône. Malheureusement, notre chance s’arrêtera là... eh non, nous ne sommes pas encore parfaits pour nous engager sur Pékin Express… Comme nous n’avons pas envie de dormir dehors, on terminera l’aventure en train.

Peut-être avec la barbe en moins...

Pas question de reprendre le boulot pour le reste de la semaine, on en profite pour emmener les enfants à la fête foraine (sous la pluie…) et fabriquer un nouveau support pour le mât sur le bateau – eh oui car bien sûr, si on veut que ça passe sous les ponts, il faut démonter le portique sur lequel était fixé le mat, et trouver autre chose pour le soutenir… Nous voici repartis le vendredi vers Valence, la voiture chargée des outils qui nous manquaient. Le samedi sera occupé à démonter tout ce qui était fixé sur le portique (panneau solaire et antennes diverses) et nous n’y serions jamais arrivés sans notre précieuse bombe de dégrippant (ah ça ne risquait pas de s’envoler !). Mais pour démonter toutes ces antennes serties avec le câble il a fallu encore ôter tout le revêtement intérieur sur tout le parcours des câbles. Que de travail ! Pour finir, nous n’avons plus qu’un appareil qui marche, c’est le sondeur… Bon c’est sûr, tant qu’on reste sur les rivières, il nous sera plus utile que le GPS !
Dimanche, journée détente, l’excitation est grande, nous recevons aujourd’hui nos premiers amis visiteurs sur Yakayalé, Nathalie et Jean, avec leurs deux petites schtroumfettes Margot et Emilie, sans oublier la chienne Sari qui elle, ne sais pas trop quoi penser de tout ça (c’est quoi ce sol qui bouge ? Je saute ou je me couche ?) Finalement elle ira par 2 fois dans l’eau pour rejoindre les canards qui peuplent le port de Valence... Les filles, quant à elles se sentent à l’aise, elles découvrent toutes les pièces du bateau, mais pas facile de jouer à cache-cache dans un espace aussi petit… Alors elles jouent aux aventurières: "On va où aujourd’hui ? À Belle-Île ? En Afrique ?" Tout ça sous les ordres du capitaine Jack-Richard-Sparrow, et son équipage de Polly Pockets…
Si on passait à l'abordage? Y'a peut-être un trésor à bord?

Euh... Comment je fais pour entrer dans cette drôle de niche?

Mais comme notre devise à bord du bateau est "A chaque jour sa petite galère", évidemment aujourd’hui n’échappe pas à la règle… Alors que depuis le matin Lydie s’efforçait de préparer un repas correct avec les moyens du bord… Paf, plus de gaz ! Et nous sommes dimanche, aïe, aïe, aïe ! Ça tombe mal ! Heureusement, super Nathalie, toujours prévoyante, qui devait amener une petite entrée, avait en fait préparé une énoooorme salade… Nous aurons donc quelques légumes à manger, au lieu d’une ratatouille à moitié cuite… et puis on avait eu la géniale idée d’acheter un poulet rôti déjà cuit, et de préparer le dessert avant la ratatouille… Ouf, sauvés ! (Enfin, quand même, ça énerve !) Merci aussi à Jean pour le dernier coup de main pour descendre le portique et le coucher sur le pont. Encore un obstacle de plus à enjamber… Bientôt on pourra faire un jeu genre "parcours du combattant"… Passer sous le mat, enjamber le portique, sauter dans le cockpit, attraper l’amarre, repasser sous le mat et sauter à pieds joints sur le ponton… ça c’est du sport ! Ah oui, et j’oubliais le coup de la cafetière italienne qui nous a aussi complètement lâchés ce jour-là… Alors le café a l’eau chaude du robinet et à moitié filtré… Je me demande si Nathalie et Jean vont oser revenir !!!

Miam...Miam... Après ça un bon café!!!

ça fait tout vide sans le portique...

Lundi matin, 9h30 pétantes, on est fin prêt, on emmène Yakayalé dans la darse pour qu’il soit à nouveau emporté dans les airs et déposé en douceur sur le camion. Nous faisons la connaissance de Norbert, le transporteur, lui aussi passionné de bateau, du coup c’est lui qui s’occupe de tous les bateaux à convoyer, avec son œil de spécialiste il cale tout ça avec précision. Notre chère "Titine" (la voiture !) est décorée de 2 gyrophares et d’un beau panneau sur le toit, nous voilà prêt à ouvrir le passage… Norbert nous explique comment bloquer les voitures d’en face si l’on passe sous un pont un peu trop étroit ou un virage un peu trop serré (oh la la, finalement c’est risqué comme métier !) On doit passer derrière si la route passe en 4 voies, et redoubler si elle repasse à 2… Car bien sûr, vous l’avez deviné, on remonte par la nationale… On démarre après le déjeuner et on roulera pendant 7 heures (avec une grosse pause, tout de même) tout ça sans encombre, pour arriver le soir au dessus de Nevers. Et bien sûr comme le veut la tradition, on s’arrête dans les célèbres restos « routiers », histoire de voir si le dicton dit vrai… eh oui, on confirme, les routiers sont vraiment sympas !!!

Plus de 2 heures de préparation, il faut bien ça !

Pour la première fois de sa vie, Yakayalé fait du 70km/h!!!

Petite nuit dans le bateau sur le parking, sans chauffage (mais après les 3 jours à Viviers, on est habitués) et le lendemain on repart à 7h30, bon pied bon œil ! Du coup, à 10 heures on est déjà à Sens… On découvre le chantier, un peu affolés au départ parce qu’il y a des bateaux dans tous les sens (normal, on est à Sens !) Ce n’est pas un port donc les bateaux sont tous un peu amarrés n’importe comment, les uns aux autres, et on contemple avec angoisse le petit espace dans lequel le bateau va être déposé, et la grue qui n’est pas du tout comme celle utilisée à Valence où Martigues… Ici le bateau n’est pas emmené tout droit, les lanières se rejoignent en un point central unique, ce qui fait que le bateau tourne dans les airs… c’est assez impressionnant, au point que Lydie est parfois obligée de fermer les yeux pour ne pas voir ce qui se passe !!! Mais les gens qui sont là sont bien des professionnels et on voit qu’ils ont l’habitude… Yakayalé est posé comme il faut, dans les quelques m² de libres... On aura encore quelques émotions pour le sortir du petit chenal formé par les autres bateaux et l’amarrer au bout, mais il faut croire que ce ne devait pas être si compliqué que ça… Encore une nouvelle aventure qui s’achève bien pour Yakayalé, il ne nous reste plus que 3 ou 4 jours pour rejoindre Draveil, mais nous devons attendre encore un peu car la place que nous devions prendre au port n’est pas encore libre. Yakayalé fera donc un petit séjour avec ses copains bateaux à Sens, sur l’Yonne. On espère le récupérer début mai.
ça passe!!!

Les nouveaux voisins de Yakayalé... Moins luxe qu'à Valence!!!

A + donc !